LA PERSPIRATION

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Parois perspirantes, mythe ou réalité ?

Respiration ou perspiration, voilà un sujet qui fait débat. Au plan technique la réalisation d’une paroi perspirante ne présente pas de complexité, à condition de mettre le bon produit au bon endroit. Plus difficile en revanche d’appréhender leurs propriétés réelles ou supposées.

Pour les uns, c’est une aberration conceptuelle, les seuls moyens passifs en mesure de réguler la température d’un bâtiment étant l’isolation thermique et l’inertie thermique. Pour les autres, une paroi perspirante, un concept qui nous vient d’Europe du Nord et particulièrement d’Allemagne, est capable d’assurer davantage : régulation de l’humidité, de la température, et jusqu’au CO2.

Derrière ce débat se profilent peut être des intentions davantage liées au marketing, les premiers défendant souvent des matériaux « traditionnels » issus de l’industrie, tels que les laines minérales ou isolant PSE et PU, les seconds mettant en avant les qualités des matériaux biosourcés, tels que les isolants à base de fibres de bois, la ouate de cellulose ou la laine de mouton.

MIGRATION DE LA VAPEUR D’EAU

Pas question ici de trancher, mais le sujet est suffisamment intéressant pour revenir sur les techniques qui permettent de constituer une paroi dite perspirante.

Tout d’abord une définition : l’image de la perspiration est empruntée à la peau humaine (absorption d’oxygène ou élimination de l’eau à travers la peau) ; dans la construction, une paroi perspirante est censée assurer une meilleure migration de la vapeur d’eau à travers les éléments qui la constituent et autorégule naturellement l’hygrométrie de l’air intérieur tout en restant étanche à l’air. Il ne s’agit pas en effet de faire l’impasse sur cette question et un bâtiment conçu selon ces principes ne saurait non plus se passer d’un système de ventilation pour assurer le renouvellement de l’air intérieur. Une enveloppe étanche à l’air et perspirante peut être comparée à un vêtement en goretex® : une couche isolante (le manteau) et une couche étanche à l’air (le coupe vent) mais aussi une matière qui permet d’évacuer la transpiration, la vapeur d’eau.

AUTORÉGULATION NATURELLE

Le principe de fonctionnement d’une telle paroi repose sur l’autorégulation naturelle et statique de l’hygrométrie à l’intérieur du bâtiment : lorsque l’hygrométrie de l’air intérieur est supérieur à celle de la paroi, cette dernière absorbe la vapeur et, au contraire, lorsque l’air intérieur s’assèche la paroi libère la vapeur d’eau qu’elle a absorbée. Un principe qui augmente la sensation de confort à l’intérieur du bâtiment.

Mais attention pour y parvenir, la paroi doit être conçue de façon à ce que la vapeur ne condense pas dans la paroi au risque de provoquer des pathologies. Ainsi ses composants devront être calculés les uns par rapport au autres de façon à accélérer le transit de la vapeur d’eau de l’intérieur vers l’extérieur sans établir de barrières étanches.

PROPRIÉTÉS HYGROSCOPIQUES

De même le matériau isolant doit être choisi pour ses propriétés hygroscopiques qui lui permettent d’absorber sans dommage les surplus ponctuels de vapeur d’eau et de les restituer quand les conditions le permettent. Le plus spectaculaire étant la laine de mouton qui peut absorber 33 % de son poids en vapeur d’eau sans perdre ses propriétés physiques et isolantes. Les panneaux isolants en fibres de bois absorbent jusqu’à 17% d’humidité sans dégrader le niveau de conductivité. A titre de comparaison, les isolants traditionnels comme par exemple les fibres minérales, naturellement non hygroscopiques, ne sont pas en mesure de stocker plus de 2% d’humidité. On comprend mieux l’enjeu du débat. Dans cette optique il ne s’agit plus de placer une barrière de vapeur pour en interdire le transfert mais d’adapter la perméance du pare-vapeur (qui se place côté intérieur de l’isolant) aux qualités de respiration de la paroi extérieure.

FREIN VAPEUR

D’ailleurs on ne parle plus de pare-vapeur mais de frein vapeur. Dans une paroi perspirante le frein vapeur joue le rôle d’un filtre perméant qui permet à la vapeur d’eau de circuler tout en préservant l’efficacité de l’étanchéité à l’air (mise en œuvre en continue et parfaitement jointée). La différence entre frein vapeur et pare-vapeur provient de la valeur Sd (facteur de diffusion de la vapeur d’eau) des produits. Les premiers ont une valeur Sd comprise entre 5 et 10, les seconds une valeur Sd supérieur à 10. Il existe aussi des produits à diffusion variable dont les pores s’ouvrent et se ferment en fonction de l’humidité de l’air.

LES PAROIS PERSPIRANTES VONT DE PAIR AVEC LES CONSTRUCTIONS À OSSATURE BOIS : elles permettent d’éviter la détérioration de la structure tout en assainissant l’air ambiant car l’humidité n’est pas piégée à l’intérieur des parois.